« Les cents premiers jours du pape François » est un titre qui circule
depuis quelques jours parmi les média, à la même nuance près, pour faire le
bilan d’une période fort intrigante dès les primes débuts du pontificat. Un
pontificat qui commença avec une comparaison flagrante, outrée même, pour
mettre en relief la différence et le contraste avec Benoît XVI, qui rendit
le tablier à l’improviste, qui ne cesse de susciter des points
d’interrogations… Et comme si, par enchantement, une Fée s’était installée
au Vatican pour faire luire le monde avec sa baguette magique, une
médiatisation peu commune de toutes ses paroles, homélies ou textes, geste
ou comportement est porté aux nues ! Puis, drôle de virement qui va
s’accentuant aussi, depuis quelques semaines près, on ne cesse de découvrir
et de souligner la continuité et la grandeur dans l’attitude des deux papes,
comme si on voulait mettre intentionnellement un peu d’éclat là où tout le
monde presque s’empressa à ternir !!
Le 21 juin 2013, Jorge Maria Bergolio, élu après un conclave extrêmement
rapide, aura passé cent jours à la tête de l’Eglise catholique. Evènement
qui commença avec pas mal de nouveautés : le premier Sud-Américain, le
premier jésuite, de la Compagnie de Jésus, considérée comme l’un des canaux
d’infiltration maçonnique dans les couloirs sacrés du Saint-Siège !.
Les années assez difficiles de Benoit XVI, sur le plan des média,
contrastent avec la popularité subite et fort médiatisée, a de quoi
surprendre. Mais un regard logique révèle que si, sur la forme, c’est la
grande simplicité qui s’affiche : François habite à l’hôtel Sainte-Marthe et
non aux somptueux appartements des papes, prend son café au distributeur et
son repas dans le grand self, refuse de porter la lourde croix en or massif
et lui préfère une plus modeste en argent, délaisse mozette et chaussures
rouges, ou préfère le titre d’évêque à celui de pape, cela veut dire qu’il
renonce aux attributs symboliques ou apparents du pouvoir, et semble faire
descendre le « pape » du trône pour le mettre à la portée des gens. Ce qui
veut dire aussi, dans un autre sens, relâcher les brides pour mieux les
tirer ! Une petite remarque concernant le titre de « pape », comme il n’y a
rien de gratuit dans ce domaine ecclésial : ce choix révèle qu’il est
sûrement fait pour faciliter la tâche à l’œcuménisme entre les églises, la
primauté du pape de Rome étant une des entraves principales, à part le côté
dogmatique !
Si on passe à vol d’oiseau les dits et les rencontres, pour voir le fond de
ces cent jours, on verra surgir les thèmes suivants avec insistance : la
nouvelle évangélisation du monde ; le dialogue interreligieux ; l’œcuménisme
des églises ; les minorités chrétiennes ; l’éthique selon le catholicisme
vaticanais. Les chantiers qui attendaient son pontificat, ou l’héritage
apparent de sa succession démontrent qu’il doit : décentraliser le pouvoir
romain et remédier aux scandales sans précédent ; surmonter le divorce avec
la société moderne, toutes sortes de dérives, et surtout les dogmes qui ne
vont plus de soi même chez les adeptes ; faciliter l’accès aux ministères
ordonnés et équilibrer les chutes vertigineuses des vocations ; relancer le
dialogue œcuménique malgré les conflits historiques et doctrinaux ;
approfondir le dialogue avec le judaïsme malgré les textes sacrés et ce
qu’ils racontent, et avec l’Islam, dont la présence gêne par tout ce que le
Qur’ān contient comme accusations et manipulations prouvées contre les
fraudeurs de l’Eglise. Autrement dit, exactement le même bagage de son
prédécesseur, aménagé avec beaucoup plus de brio ou de jonglerie.
Vu de plus près, et aussitôt élu, son premier geste fut d’écrire une lettre
au grand Rabbin de Rome ! S’en suivent des remerciements et une visite de
Shimon Pérès qui, à son tour, invite le pape à visiter Israël, à promouvoir
les pourparlers avec les Palestiniens « en respectant les droits légitimes
de chaque peuple » !!, après avoir usurpé 92 % de la Palestine ! Voulant
paraître intensifier le dialogue avec l’Islam, à peine élu, il a insisté
d’abord et avant tout sur les relations entre juifs et chrétiens, et fut la
première personne à féliciter officiellement Shimon Pérès pour son 90e
anniversaire, qui tombe au mois d’août, mais dont les festivités commencent
en juin...
Le lundi 27 mai 2013 François critique les couples qui n’ont ou ne veulent
avoir qu’un seul enfant, optant pour le confort et le provisoire, reprenant
très fidèlement des thèmes que Benoît XVI exposait en termes abstraits, pour
les dire dans des termes concrets et frappants qui peuvent s’inscrire dans
l’esprit des gens.
Le samedi 15 juin, recevant une cinquantaine de parlementaires français, il
emploi un mot non seulement « tabou », mais combien révélateur, en sommant
ces parlementaires dont « la tâche technique et juridique consiste à
proposer des lois, à les amender ou même à les abroger » ! Ces mots bien
pesés ne concernaient sûrement pas seulement la loi du mariage pour tous,
mais toutes les lois qui sont contraire à la doctrine sociale de l’Eglise et
incite les parlementaires à les abroger. Déjà Jean-Paul II avait plusieurs
fois répété que ceux qui sont engagés dans les instances législatives ont «
une obligation précise de s’opposer » puisque cela ne veut point dire, dans
leur langage, une ingérence flagrante dans le domaine de la société, de la
laïcité, qui s’applique à géométrie variable !
Dans une des homélies les plus radicales qu’il ait jamais prononcées, le
pape François veut des « chrétiens révolutionnaires » qui propagent
l’évangile sans peur ni honte. A son avis, si le chrétien n’est pas
révolutionnaire, il n’est pas chrétien. Entendons-nous : révolutionnaires
pas contre l’Etat, à Dieu ne plaise, mais dans leur façon d’annoncer
l’évangile sans peur et sans honte. Des mots-clés qui ont leur raison
d’être, après tout ce qui a été dévoilé comme scandales, le long des
siècles. Les mêmes mots, Peur et Honte, qui ont déjà passé sous la plume de
Benoît XVI, François les répète aussi en assistant à l’ouverture du Congrès
ecclésial du diocèse de Rome (17-19 juin 2013) : « Je n’ai pas honte de
l’Evangile », « la responsabilité des baptisés dans l’annonce de
Jésus-Christ » et tant d’autres slogans incitant son auditoire « à réfléchir
à un travail d’évangélisation dans les quartiers, sur les lieux de travail,
partout où les personnes se retrouvent et développent des relations », à
aller chercher les 99 brebis de la parabole de la brebis égarée, précisant :
« frères et sœurs, on en a une : il nous manque 99 ! ». Pour semer
l’évangile, il s’agit d’aller « aux frontières », « vers ceux qui ne
connaissent pas le Christ »… vers ces pauvres musulmans auxquels Benoît XVI
a déjà promis de leur imposer le christianisme grâce aux institutions
politiques internationales et des guerres qu’ils perdraient et qui
aplanirait leur fierté de l’Islam !
D’ailleurs le chemin est déjà bien préparé, à commencer par la diabolisation
de l’Islam grâce à la comédie montée du 9/11, et tous les textes et les
livres qui s’ingénièrent à l’accuser, à ne citer que ce « Reconquista ou
mort de l’Europe », dont le dernier chapitre surtout est consacré à l’action
contre la prétendue islamisation de la France, ou des titres tel « Que faire
des musulmans une fois le Coran interdit » !
Ce Congrès, tenu à la basilique saint Jean de Latran, portait sur la
responsabilité missionnaire de tous les baptisés, un des décrets de Vatican
II. Trois jours de réflexion pour un marathon de christianisation. Et nous
voilà face à la fameuse christianisation du monde du fameux Vatican II, des
fameux Jean-Paul II, Benoît XVI, et surtout du pape François : une
continuité sans la moindre hésitation, une continuité qui va s’accélérant,
qui semble mener tout droit au mur, à la catastrophe ! Car on ne peut
déraciner impunément les musulmans de leur croyance, de la seule Foi qui
resta intacte depuis sa Révélation jusqu’à nos jours. C’est pourquoi l’Islam
gêne.
Un suivi du même chemin, un suivi de planification qui se mène même grâce à
des inédits et des premières : une encyclique à paraître, écrite à « quatre
mains », comme dit François : « le pape Benoît me l’a remise. C’est un
document fort, je dirai moi aussi ici que j’ai reçu ce grand travail : c’est
lui qui l’a fait et moi je l’ai mené à son terme ». Il est dit que François
s’est contenté d’écrire la préface et la conclusion.
En terme musical, Benoît XVI et François étant des mélomanes, je ne peux que
dire : c’est à un Concerto con brio que nous assistons, dont la finale en
crescendo sera ahurissante, pour ne pas dire catastrophique dans plus d’un
domaine.
Le 20 juin 2013
المائة يوم الأولى للبابا فرانسيس !
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