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"Le Saint Suaire…
Et six siècles d'imposture" !

par Dr.Zeinab Abdelaziz
Professeur de civilisation Française

 
 

Sous ce titre révélateur, l'historien Henri Broch s'exprime scientifiquement dans un ouvrage intitulé "le paranormal : ses documents, ses hommes, ses méthodes" (1989), et raconte, entre autres chapitres, l'histoire de ce qu'on appelle "Le Saint Suaire" ou le "Suaire de Turin". Un tissu supposé être le linceul dans lequel Jésus a été enseveli après avoir été crucifié comme disent les évangiles. Ce n'est pas un linceul ordinaire puisqu'il mesure quatre mètres un tiers de long et un mètre dix de large, sur lequel se trouve imprimée l'image du corps de Jésus, par devant et par derrière. Depuis des siècles, ce tissu est présenté aux adeptes comme comportant les vraies empreintes du corps de Jésus ou la preuve irréfutable de l'existence de Jésus, de sa vie, de sa mort, de sa Passion, de son enterrement et de sa Résurrection puisque la tombe, dit-on, a été trouvée vide, le linceul plié et mis de côté ! Par contre, rien que cette donnée "évangélistique", elle suscite des points d'interrogations à propos de la dite résurrection de Jésus, qui délia ses propres banderoles avec ses mains ligotées, plia son linceul et le plaça de côté avant de quitter sa tombe !... Là on ne peut que se demander : où a-t-il trouvé des vêtements dans la tombe pour s'habiller et sortir à la rencontre des gens, sachant qu'aucune tombe ne contient la moindre des garde-robes !

Sans aucun doute, l'histoire de ce Saint Suaire est un des exemples typiques qui révèlent l'étendue de la lutte que mène l'Eglise pour prouver les dogmes qu'elle commença à forger vers le quatrième siècle et continue à les soutenir et à les imposer. Mais de toutes les reliques historiques, quel que soit leur genre, aucune n'a suscité autant de controverses comme ce suaire, qui continuent jusqu'à nos jours, puisque le Vatican prépara une nouvelle ostension, qui fait partie de sa lutte pour réanimer la ferveur de ses adeptes, en l'exposant solennellement à Rome jeudi, le 25 mars, sous les auspices du cardinal Severino Poletto, et du 10 avril au 23 mai 2010 à Turin. Cette ostension a pour thème :"Passion du Christ, passion de l'homme". Il est prévu que le Pape Benoît XVI se rendra à Turin le dimanche 2 mai. À noter que le pape donna l'approbation pour cette ostension le 2 juin 2008 en disant : "J'espère venir contempler ce mystérieux visage qui parle silencieusement au cœur des hommes, en les invitant à y reconnaître le visage de Dieu"…

Quant à l'histoire du suaire, racontée brièvement, elle remonte au quatorzième siècle, date de sa première parution lorsque sa propriétaire, la veuve du Chevalier Geoffroy de Charny, l'exposa en 1360 dans l'église que son mari avait fait construire dans la ville de Lirey. En 1360, Henry de Poitiers, l'évêque de Troie, prohiba l'exposition du linceul disant que c'est un faux car les évangiles ne le citent point… En 1389, l'antipape Clément VII impose l'exposition du suaire afin que les adeptes puissent l'admirer, mais le brouillon écrit le 6 janvier 1390 fait mention qu'il ne représente pas Jésus. Cette expression a disparu du texte final qui parut début juin 1390, dans lequel l'antipape annonce qu'il offrira le Pardon à quiconque visitera l'église qui expose le linceul à Lirey, et imposa le châtiment du Silence à l'évêque de Troie en le menaçant de l'expulser de l'église s'il continuait à dire que c'est un faux ! Et pour la première fois, le Pape annonce officiellement que le visage de Jésus est imprimé sur le Suaire !

A noter que les données se contredisent, même dans les textes des évangiles, entre "Mandylion", une sorte de mouchoir dont on couvrait la tête et le visage des morts, qui porte l'empreinte du visage de Jésus, et "Suaire" ou "linceul", qui désigne une pièce de toile dans laquelle on ensevelit un mort et qui, ici, porte l'empreinte du corps de Jésus par devant et par derrière, et "bandelettes". A noter aussi que le verbe employé par les évangélistes varie entre envelopper, rouler, enrouler, entourer et lier. Jean évoque des linges enveloppant le corps, la TOB parle de bandelettes, la Bible de Jérusalem emploi linges, Louis Segond écrit bandes. Jean parle d'othonia, une fine toile de lin, et de soudorion, suaire, puis précise que Jésus fut enveloppé d'étoffe "selon la coutume juive". A noter, les bandelettes n'existent pas dans le rite funéraire du judaïsme mais dans celui de l'Egypte Ancienne, et pourtant l'apôtre Jean dixit !! Une remarque en passant : tous ces textes disent que Jésus, déifié au premier Concile de Nicée 325, a été enseveli dans un linceul, quelque soit sa forme, linge ou bandelettes, actuellement les chrétiens sont ensevelis dans leurs plus beaux accoutrements : qui changea-t-il le mode vestimentaire des morts ? L'institution vaticane a-t-elle plus de poids que Jésus ? L'exemple de Jésus n'est-il pas plus digne à suivre surtout qu'il met tous les morts à pieds d'égalités ?!

A signaler de même, qu'il existe une quarantaine de reliques portant toutes le titre de "suaires de Jésus", exactement 43 pièces de par les églises et les musées du monde chrétien, dont une seule parle de l'empreinte du corps tout entier. Cette revendication d'authenticité n'est corroborée par aucune trace historique ou archéologique. Pourtant, la documentation de l'histoire du suaire de Turin remonte à 1357 et il n'existe aucun texte le long des quatre premiers siècles qui évoque une éventuelle conservation ou même une "existence".

Dans leur ouvrage intitulé "la vérité autour du suaire de Turin", 1981, K. Stevenson et G. H. Habermas assurent que la veuve du Chevalier Geoffroy a pu obtenir l'approbation d'exposer le suaire durant les fêtes. Ce qui suscita la colère de l'évêque de Troie, Henri de Poitiers, et se plaignit au roi Charles VI, qui ordonna de séquestrer le suaire. Comme les tentatives de l'ostension publique ne s'arrêtèrent point, l'évêque écrit au Pape de Rome pour porter à sa connaissance que tous ceux qui se trouvent dans l'archevêché savent bien que ce suaire est un faux, une contrefaçon, et que l'évêque précédent, Pierre d'Arsis, lui avait certifié que c'était un faux, qu'un des artistes le controuva pour attirer les adeptes vers l'église et profiter de leurs aumônes, en ajoutant, qu'après s'être enquérit et avoir analysé tous les évènements, il s'avéra que ce linceul est une falsification pure et simple, peinte avec art. Ce qui veut dire que c'est une œuvre humaine et non un miracle ! C'est peut-être cette expression qui mena le Pape lui imposer le châtiment du Silence...

En 1449, Le père Thomas, de l'Abbaye Cistercienne, et le père Henri Beckel, annoncèrent officiellement que "sur le tissu ont été peints avec beaucoup d'art, les linéaments des membres du Christ". Ce qui veut dire que c'est une œuvre réalisée par quelqu'un, que dès le début de cette trajectoire il est connu par des membres du corps ecclésiastique que c'est d'un faux qu'il s'agit puisqu'il est "peint avec beaucoup d'art" ! Ce qui n'étonne point de la part d'une Institution "habituée" à ce mode manipulations.

Est-il lieu de rappeler la longue tradition de l'Eglise dans le domaine de la contrefaçon le long des siècles, à ne citer que la Donation de Constantin, les Décrétales d'Isidore, celles de Gélase, la Constitution de Sylvestre, le Décret de Gratien, et un nombre infini de faux décrets, révélant chacun la volonté de Rome et sa mainmise sur tel Roi ou son aspiration à tel avantage de terrains, de Biens ou de supériorité. La fabrication des saints n'en fait pas exception, ni celle de leurs reliques, innovation qui commença au cinquième siècle. La grande habileté déployée par l'institution vaticane est d'avoir fait croire avec beaucoup d'adresse que le dogme du suaire ou autre fabrication existait tout d'un bloc, carrément issu des évangiles. Malgré toutes les donnés qui assurent la fabrication de cette relique, les festivités concernant le Saint Suaire se sont poursuivies de sorte que le Pape Jules II (1503-1513) fixa le 4 mai comme fête officielle du Saint Suaire, et c'est autour de cette date que se déroulent les nouvelles festivités.

Dans les temps modernes, en 1931, eut lieu la première ostension ; en 1950 un premier Congrès de Sindologie est organisé pour l'étude du suaire, les résultats sont décevant puisqu'ils parlent de fautes d'anatomie, une longueur anormales des doigts, le bras droit beaucoup plus long que le gauche et touche le genou de Jésus, mais cela n'a aucune importance pour la foi qui fonctionne à part, loin de la raison ! En 1978, le Saint Suaire est ostensé durant cinq semaines. Pendant ce temps une trentaine de scientifiques armés de six tonnes de matériel faisaient des analyses. Les travaux effectués par Walter McCrone mettent en évidence des pigments à base d'oxyde de fer, prouvant qu'il ne s'agit en réalité que du travail d'un artiste particulièrement habile et non du sang. On fit le silence sur ses études.

La technique consiste à appliquer un tissu mouillé sur un moule ou un haut-relief que l'on frotte avec différents pigments, procédé connu depuis le XII° siècle. Mais le coup de massue porté à cette mascarade fut réalisé par la datation au carbone 14, en 1988, grâce à trois laboratoires (suisse, anglais, américain) supervisés par le British Museum de Londres, qui prouvèrent irréfutablement que le tissu date du Moyen Age, à dater entre 1260 et 1390, juste à l'époque où il fit son apparition.

Le 13 octobre, la conférence de presse du cardinal Ballestrero fait l'effet d'un tonnerre en annonçant officiellement ces résultats. Ce qui suscita une nouvelle vague de contestations qui seront calmées grâce au geste de Jean-Paul II qui va s'agenouiller, le 24 mai 1998 à Turin, devant la relique trouvant qu'elle est "une provocation à l'intelligence, mais ne pose aucun problème de foi". L'Eglise n'ayant point de compétence scientifique, "elle n'a rien à dire sur l'authenticité du suaire" ! Belle escapade qui permet à la comédie du faux de se perpétuer. Le 21 juin 2005, le mensuel Science & Vie organise un happening visant à prouver par une démonstration pratique comment on fabrique un vrai faux et prépare un dossier de 13 pages, publié dans le numéro de juillet sous le titre suivant : "Saint Suaire, la science aveuglée par la passion".

Sans nul doute, la nouvelle ostension qui eut lieu le 25 mars, puis celle qui va du 10 avril au 23 mai 2010 non seulement attirera un grand nombre de spectateurs et de curieux, mais relancera sûrement le dialogue entre science et foi, surtout avec les nouvelles tentatives de fraudes !

Le 11 avril 2010, un des principaux sites vaticanais fait le compte-rendu d'un ouvrage qui vient de paraître, d'un parti-pris tellement criard, où toutes les vérités historiques y sont démenties, remaniées, réajustées, pour prouver la véracité de ce linge. Une citation de l'article de ce site vaticanais, prise du livre, représente un exemple tout frais de ces remaniements ecclésiastiques :

"L’affaire se complique lors du sac de Constantinople par les Croisés, en 1204, année où le Mandylion disparaît de la capitale de l’empire. S’appuyant sur le récit du croisé Robert de Clari, présent lors du sac, ainsi que sur les origines de la famille de Geoffroy de Charny, qui est le premier propriétaire attesté du Linceul dans la France du XIVe siècle, Ian Wilson émet l’hypothèse que l’Image aurait été dérobée ou aurait fini par atterrir entre les mains des Templiers. Il ne s’agit pas là d’un complotisme débridé : l’auteur montre avec virtuosité que de nombreux textes médiévaux accusaient les Templiers de pratiquer l’idolâtrie en adorant une image dans le secret de leurs Temples. C’est notamment sur ces accusations que se fonda le procès inique qui aboutit à leur destruction. Poursuivant son enquête, Wilson révèle que Geffroy de Charny était d’une famille de Templiers, ce qui peut évidemment expliquer qu’il ait eu le Suaire en sa possession et commencé à organiser des ostensions dans sa petite église de Liré. La suite est très bien connue : l’évêque du lieu voulut interdire les pèlerinages qui déplaçaient de fortes foules vers le Saint-Suaire et rédigea un mémoire à l’intention du pape où il l’accusait d’être l’œuvre d’un peintre. Inspiration divine ou finesse de la part du pape, alors en Avignon ? Celui-ci renvoya ledit évêque dans ses buts et continua de permettre à la piété populaire de s’exprimer. Un siècle plus tard, une descendante de Charny n’ayant pas d’héritier légua le Linceul à la famille de Savoie qui finit par le transférer à Turin qui était devenu sa capitale. Depuis Jean-Paul II, ce linge qui, s’il est celui d’Édesse, aura traversé miraculeusement les siècles pour venir jusqu’à nous, appartient formellement au Saint-Siège".

Je passe en silence une bonne dizaine d'inexactitudes dans cette seule citation, prise du livre de Ian Wilson, mais le passage que j'y ai souligné me permets de souffler à l'oreille des deux auteurs, de l'article et du livre, en ce qui concerne l'épisode du "Suaire et des Templiers", que tout ce qui est écrit au sujet des Templiers et ce qu'ils adoraient en secret, rapportent que c'était la tête de Baphomet, qui désigne une des figures du Diable, dont l'image se trouve dans la plupart des livres, des sites et des encyclopédies qui abordent ce thème :
 


Le Baphomet
 

Le parti-pris de ces deux auteurs prend tellement le pas de sorte qu'ils contredisent des faits connus par tous ceux qui savent l'histoire des Templiers… Si c'était le Suaire de Jésus qu'ils adoraient en secret, est-ce que l'Eglise et le Roi de France, la fille aînée de l'Eglise, auraient fomenté ce complot pour éradiquer les Templiers, qui sont les Soldats du Christ ?!

Inutile d'ajouter que ce nom de Baphomet est une des distorsions du nom du Prophète Mohammad (saws), car certains Templiers avaient adopté l'Islam, se marièrent avec des musulmanes et fondèrent des familles musulmanes. Ce que l'Institution vaticane n'a pu tolérer et fit le lien du Prophète avec l'image du diable pour fabriquer le procès. C'est un sujet à développer à part pour qui pourra avoir accès aux archives…

Là aussi une interrogation s'impose : jusques à quand cette Institution élevée sur un socle incalculable de mensonges, de fraudes, de scandales et de victimes, va-t-elle continuer avec une tenace obstination à imposer ses subterfuges ? N'est-il pas temps de plier ces bagages mensongers et vouer tout cet incommensurable effort pour éradiquer les vrais malheurs des opprimés de la Terre au lieu d'insister à évangéliser le monde et à violer ses enfants ?!

Le 12 avril 2010

 

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Dr.Zeinab
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